GLBM, EXALAB, RéuniLAB et SYNERGIBIO, 4 Laboratoires anciens Centre de lecture des Hemoccult dénoncent, dans un communiqué datant du 20 mars, la suspension du programme de dépistage du cancer colorectal avec les tests Hemoccult.

En plein Mars Bleu, les autorités sanitaires ont décidé d’interrompre la distribution et la lecture des tests Hemoccult et de détruire les échantillons patients, car la mise sur le marché des tests immunologiques est annoncée pour le 14 avril au mieux. Une décision qui est jugée « extrêmement préoccupante » par ces quatre laboratoires.

« Depuis janvier 2015, un patient qui souhaite procéder au dépistage du cancer colorectal n’est pas en mesure d’utiliser un test. Et pour cause : la distribution et la lecture des tests Hemoccult ont été suspendues par le Ministère de la Santé, alors même que les nouveaux tests immunologiques ne sont toujours pas disponibles. », dénonce le groupement des quatre laboratoires.

De son côté, la Ligue contre le Cancer fait le bilan de la situation actuelle :

L’arrêt de la lecture du test au gaïac étant prévu initialement au 31 janvier 2015 :

- les stocks de test Hémoccult II sont quasiment épuisés ;

- dans de nombreux départements, la population n’est plus invitée à participer au programme de dépistage actuel ;

- la population et les professionnels de santé ne doivent pas subir les conséquences des errements organisationnels.

« Le retard dans la procédure d’attribution du marché pour la mise en œuvre du test immunologique ne doit pas entraîner un arrêt du dépistage du cancer colorectal en France, quelle qu’en soient les modalités. Le dépistage reste une des meilleures armes efficaces pour lutter contre le cancer, il est donc indispensable de ne pas créer de rupture dans le parcours de prise en charge dépistage-diagnostic-soins ».Face aux retards pris dans la mise en œuvre du nouveau test immunologique, la Ligue contre le cancer exige la poursuite, sans interruption, du test au gaïac.

Le cancer colorectal touche plus de 40 000 personnes par an et représente le troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et le deuxième chez la femme.

GLBM, EXALAB, RéuniLAB et SYNERGIBIO dénoncent le manque de clairvoyance des autorités sanitaires : « de nombreux patients, potentiellement malades, ne seront pas dépistés, alors que neuf cas sur dix peuvent être guéris si la détection est précoce. »

Selon Jean-Louis Bertou, président de France Côlon, association de patients atteints de cancer colorectal, « Il faudra compter au minimum un mois entre le moment où les structures de gestion vont recevoir le test immunologique et celui où elles relanceront la campagne. Nous allons avoir une année 2015 catastrophique, avec 800 000 à un million de tests non faits. » M. Bertou estime que 4 mois sans dépistage organisé représenteront 1 800 décès évitables.

Les laboratoires GLBM, EXALAB, RéuniLAB et SYNERGIBIO, qui analysaient les tests en vigueur jusqu’au 31 janvier 2014, les tests Hemoccult, expriment aujourd’hui leur colère en posant cinq questions à la Ministre de la Santé, Madame Touraine.

1. Quelle est la quantité de tests Hemoccult neufs détruits qui vient s’additionner aux échantillons patients détruits ?

2. Quelle sera la ligne de défense de la Direction Générale de la Santé lorsqu’elle sera accusée de non-assistance à personne en danger ?

3. Les patients malades, qui n’auront pas été détectés faute de test ou par la destruction de leur prélèvement, pourront-ils se retourner contre la Direction Générale de la Santé ?

Les biologistes, les médecins traitants et plus largement les médecins de Santé Publique des structures de Gestion sont-ils « attaquables » pour avoir proposé un test qui a finalement été détruit ?

4. Pourquoi l’appel d’offre de la CNAMTS, lancé le 28 janvier 2014, relatif à la fourniture et l’analyse de kits de dépistage immunologique, n’a-t-il pas prévu cette période de latence ?

5. Pourquoi aucun échantillon de démonstration du futur kit (kit pourtant sélectionné depuis plus de 6 mois) n’a pas été proposé pour les différentes manifestations de Mars Bleu ?

Des réponses à ces questions et des mesures rapides permettant la reprise de ce dépistage déjà peu efficace en France sont attendues afin d’éviter que cette action de santé publique ne soit sabordée par les autorités sanitaires qui devront en endosser la responsabilité.

 

Biologiste Infos Mars 2015