De récents travaux ont révélé que, chez les patients atteints de cancer, le pronostic n’est pas seulement déterminé par les caractéristiques tumorales mais aussi par des facteurs relatifs au patient lui-même. Son système immunitaire en particulier jouerait aussi un rôle, notamment dans la prévention des récurrences. Des données récentes semblent en effet indiquer qu’un dysfonctionnement immunitaire ou une diminution du nombre de lymphocytes réduirait la capacité du système à répondre de façon efficace à la présence de cellules cancéreuses.

Le compte de lymphocytes avant le traitement est considéré comme un marqueur du niveau d’immunosuppression et a été associé au pronostic de plusieurs cancers, notamment hématologiques,ainsi qu’à celui du cancer du sein et du cancer du rein. Il a été avancé aussi qu’un faible taux de lymphocytes était associé à une mauvaise réponse à la chimiothérapie et à la radiothérapie, suggérant son rôle dans la survie et la réponse clinique au traitement.

Une équipe chinoise vient de publier les résultats d’une étude rétrospective concernant 1 332 dossiers de patients présentant un cancer colorectal de stade II et traités initialement par résection chirurgicale. 738 d’entre eux (soit 55,4 %) étaient considérés comme à haut risque dont 459 ont reçu une chimiothérapie adjuvante. Le compte des lymphocytes était mesuré avant la mise en route de cette chimiothérapie adjuvante.

Deux constats ressortent de ces données.

1. Le premier est que le compte de lymphocytes est un facteur pronostique de la survie sans rechute et de la survie totale. En effet, chez les patients présentant un cancer colorectal de stade II, ceux dont le taux de lymphocytes est bas (< 1 300/mm3) ont une survie totale à 5 ans inférieure à ceux dont le taux dépasse ce seuil (74,6 % vs 90,2 %) et une survie sans récidive à 5 ans inférieure aussi (61,3 % vs 84,6 %).

2. Le second enseignement de cette étude est que, en comparant les patients à haut risque qui ont reçu une chimiothérapie adjuvante, on constate que ceux dont le taux de lymphocytes est bas tirent moins de bénéfices de la chimiothérapie, alors que quand le taux est élevé, la chimiothérapie apporte une amélioration notable de la survie sans récidive, particulièrement pour les stades T4.Un taux de lymphocytes bas est d’ailleurs associé à un mauvais pronostic chez les patients à haut risque traités par chimiothérapie adjuvante (Hazard Ratio 1,88 ; intervalle de confiance à 95 % : 1,11 à 3,2).

Les auteurs estiment que ces résultats justifient qu’un comptage des lymphocytes soit réalisé chez les patients présentant un cancer colorectal de stade II, après la chirurgie et avant une éventuelle décision de chimiothérapie adjuvante et qu’ un taux bas de lymphocytes pourrait justifier que soit envisagée une chimiothérapie plus intensive.

Liang L et coll. : Predictive value of pretreatment lymphocyte count in stage II colorectal cancer and in high-risk patients treated with adjuvant chemotherapy.
Oncotarget. 2015; publication en ligne le 20 octobre. DOI: 10.18632/oncotarget.5835