Les septicémies posent un problème de santé mondial majeur, avec environ 49 millions de cas annuels, dont 11 millions de décès, d'où la nécessité d’un diagnostic précoce pour en améliorer le pronostic. Pourtant, le diagnostic des septicémies est souvent difficile, car de nombreux patients ne présentent que des symptômes vagues et non spécifiques. Par conséquent, une attention accrue a été accordée aux examens biologiques qui pourraient alerter sur un éventuel diagnostic de septicémie. Une augmentation (>12 × 109/L) ou une diminution (< 4 × 109/L) du nombre de leucocytes est l'un des quatre critères de SIRS (syndrome de réponse inflammatoire systémique) couramment utilisés pour le dépistage de la septicémie. Plus récemment, le rapport neutrophiles-lymphocytes élevé s'est révélé prometteur comme marqueur diagnostique. Une lactatémie élevée est généralement considérée comme significative du diagnostic.
Au cours de la dernière décennie, la procalcitonine (PCT) est apparue comme un biomarqueur utile pour le diagnostic du sepsis, le suivi de la réponse au traitement et la détermination de la durée du traitement anti-infectieux. Les patients atteint de septicémies présentent un risque accru de complications et de décès et il faut parfois plus de 48 heures pour obtenir les résultats des hémocultures.
D'où l'intérêt de cette étude qui était de déterminer les performances de quatre biomarqueurs facilement disponibles pour diagnostiquer les états septicémiques.

Dans cette étude rétrospective, observationnelle, menée sur les dossiers médicaux électroniques, ont été comparée la précision de la PCT, la lactatémie, la numération des globules blancs totaux et le rapport entre la numération des neutrophiles et des lymphocytes pour diagnostiquer les septicémies chez les patients adultes hospitalisés pour suspicion de septicémie.
Sur la base des résultats des hémocultures, les patients ont été classés dans l'un des cinq groupes suivants :

1) hémocultures négatives 2) hémocultures positives à un agent pathogène bactérien, 3) hémocultures positives à un agent potentiel (possible opportuniste), 4) hémocultures positives à un agent pathogène fongique et 5) contaminant potentiel. Le groupe 2 a ensuite été divisé en pathogènes Gram positifs et Gram négatifs. Des courbes ROC ont été construites afin de comparer les performances diagnostiques des biomarqueurs.

Les résultats ont été éloquents :

- PCT < 0,5 ng/mL : valeur prédictive négative de 95 % pour l'exclusion d’une septicémie. La meilleure valeur seuil de la PCT pour la prédiction d’une septicémie était de 1,5 ng/ml.
- Parmi les 1 767 patients admis, la concentration médiane de PCT différait significativement selon les groupes d'hémocultures (p < 0,0001). La concentration médiane de PCT la plus élevée a été observée chez les patients ayant un agent pathogène Gram négatif (17,1 ng/mL) et la plus faible chez les patients dont l'hémoculture était négative (0,6 ng/mL). 

L'AUROC (area under the receiver operating characteristic) était de 0,83 (0,79 - 0,86) pour la PCT ; 0,68 (0,64 - 0,72) pour le rapport entre la numération des neutrophiles et des lymphocytes ; 0,55 (0,51 - 0,60) pour la concentration en lactate et 0,52 (0,48 - 0,57) pour la numération leucocytaire. L'AUROC pour la PCT était significativement plus élevé que celui du rapport entre la numération des neutrophiles et des lymphocytes (p < 0,0001). 

Cette étude suggère qu’une PCT inférieure à 0,5 ng/mL peut être un outil de dépistage efficace pour exclure les infection du courant sanguin, comme cause d’un sepsis. Inversement, le diagnostic de septicémie devrait être envisagé chez les patients dont la PCT est supérieure à ce seuil et fortement probable si > 1,5 ng/ml.

La numération leucocytaire totale et la concentration de lactate dans le sang ne doivent pas être utilisées pour les diagnostiquer. Enfin, le rapport entre la numération des neutrophiles et des lymphocytes peut être un test de dépistage utile pour les infection du sang lorsque la PCT n’est pas disponible.


Ref : Marik PE, Stephenson E : The ability of Procalcitonin, lactate, white blood cell count and neutrophil-lymphocyte count ratio to predict blood stream infection. Analysis of a large database, J Crit Care, 2020; 60: 135-139,ISSN 0883-9441, doi.org/10.1016/j.jcrc.2020.07.026.