Alors que l'espérance de vie atteint 80 ans en France, chez la femme de la soixantaine, la prévalence de l’ostéoporose ou de l’ostéopénie est proche de 50 % dans de nombreuses études épidémiologiques. Celle de l’ostéoporose confirmée est comprise entre 10 et 17 % à la cinquantaine, alors qu’elle n’est que de 3 % à 5 % dans le sexe masculin.
L’apport en vitamine D est crucial pour la santé osseuse et les taux sériques de 25-hydroxyvitamine D [25(OH)D] permettent de définir les situations de carence ou de déficit. Des valeurs inférieures à 30 ng/mL (ou 75 nmol/L) sont considérées comme insuffisantes. Plusieurs études ont établi des relations significatives entre les taux sériques de 25(OH)D et les valeurs de la densité minérale osseuse (DMO), quels que soient l’origine géographique ou le sexe, notamment chez le sujet âgé.
Des taux sériques de 25(OH)D compris entre 20 et 30 ng/mL sont considérés comme suffisants pour garantir une homéostasie osseuse, mais des valeurs plus élevées garantissent-elles un effet bénéfique supplémentaire qui se traduirait par un ralentissement de la perte osseuse et, par conséquence, un moindre risque d’ostéoporose? Une étude transversale apporte des éléments de réponse à cette question qui fait actuellement débat.
Les données ont été obtenues à partir de l’enquête étatsunienne dite NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) portant sur plus de 2000 femmes et traitées à l’aide d’une analyse multivariée pour prendre en compte le plus possible de facteurs de confusion potentiels. La DMO a été estimée par absorptiométrie biphotonique au niveau de la hanche, du col fémoral et du rachis lombaire. Une stratification a été faite en fonction de l’âge (<65 et ≥65 ans), de l’indice de masse corporelle (IMC) (<25, 25 à <30, ≥30 kg/m2) et du moment de l'enquête (mois d'hiver et mois d'été).
L’analyse finale des données a porté sur 2058 participantes ménopausées. Elle a révélé des associations positives entre les taux sériques de 25(OH)D et les valeurs de la DMO autorisant le diagnostic d’ostéoporose.
Des associations au niveau des trois sites squelettiques analysés (fémur, hanche, rachis lombaire) ont été retrouvées chez les participantes d’âge ≥ 65 ans. Dans la population plus jeune (<65 ans), l’association entre 25(OH)D et risque d’ostéoporose n’a été confirmée qu’au niveau de la hanche.
Cette étude de cohorte strictement transversale du type cas-témoins ne permet pas d’établir de lien de causalité statistiquement certain entre les taux sériques de 25(OH)D et le risque d’ostéoporose, compte tenu de la multiplicité des facteurs de confusion potentiels. Néanmoins ces résultats vont cependant dans le sens des recommandations actuelles qui plaident en faveur d’une supplémentation vitamino-calcique chez la femme ménopausée à haut risque d’ostéoporose, l’objectif étant de freiner la perte osseuse. Le dosage de la 25(OH)D ne saurait être systématique dans ce contexte, mais il peut s’avérer utile dans les situations qui font suspecter un déficit ou une carence.
Ref : Wang D et coll. The Relationship Between Serum 25-Hydroxyvitamin D Levels and Osteoporosis in Postmenopausal Women. Clin Interv Aging. 2023; 18: 619–627. doi: 10.2147/CIA.S405317