L'obésité infantile a pris les proportions d’une véritable épidémie mondiale, au point de représenter un fardeau croissant en santé publique, affectant 340 millions d’enfants dans le monde, si l’ont inclus le surpoids. L’obésité pédiatrique expose à de multiples complications notamment nutritionnelles. En effet, le statut nutritionnel des enfants en situation d’obésité semble être une « dénutrition paradoxale » : malgré un apport alimentaire excessif, ces enfants présentent fréquemment des carences nutritionnelles. Les carences en micronutriments trop souvent méconnues font partie de ces complications dont le rôle pathogène est loin d’être parfaitement évalué. Il n’est pas exclu qu’elles contribuent aux comorbidités métaboliques qui s’associent au surpoids ou a fortiori à l’obésité.
Une revue narrative et exhaustive des données de la littérature internationale médicale de ces quinze dernières années permet de faire le point et d’envisager des pistes de recherche. L’analyse a porté sur un nombre restreint de données publiées, en l’occurrence 128 résumés et 45 articles originaux, ce qui permet de souligner au passage l’intérêt restreint que suscite le sujet en dépit de son importance.
De cette approche exhaustive, il ressort que les déficits en micronutriments au cours de l’obésité pédiatrique incluent à la fois minéraux, vitamines et oligo-éléments. Les plus fréquents impliquent le fer, les vitamines A, B, C, D et E, l’acide folique, le zinc et le cuivre.
Si les mécanismes qui aboutissent à ces carences ne sont pas clairement établis, les hypothèses sont cependant nombreuses et clairement synthétisées dans cet article. En bref,les princiales hypothèses évoquées relèvent :
-D’un défaut d’apport lié à une alimentation centrée sur les aliments gras et sucrés.
-D’un défaut d’absorption ou d’une séquestration de certaines vitamines dans le tissu adipeux.
-Du rôle de la leptine qui peut interférer avec le métabolisme de la vitamine D.
-De l’augmentation des besoins en fer en lien avec la vascularisation de la masse adipeuse ou encore la réduction de l’absorption à cause de l’inflammation chronique.
Les interactions nombreuses des micronutriments avec les grandes voies métaboliques de l’organisme ouvrent la porte à bien d’autres hypothèses qu’il convient d’étayer à l’avenir.
A la lueur de cette analyse descriptive, il semble opportun d’encourager la consommation d’aliments à haute densité nutritionnelle, prenant en compte les carences multiples évoquées. Force est de constater que rares sont les études interventionnelles permettant d’évaluer les effets d’une supplémentation orale spécifique ou ceux de la perte de poids sur les déficits en micronutriments. Dans l’attente de telles études, un dépistage précoce et un suivi nutritionnel continu de ces potentielles carences nutritionnelles sont nécessaires, parallèlement aux mesures hygiéno-diététiques globales.
RÉF : Calcaterra V, et coll. Micronutrient Deficiency in Children and Adolescents with Obesity-A Narrative Review. Children (Basel). 2023 Apr 7;10(4):695. doi: 10.3390/children10040695.