Avec l'augmentation d'incidence du diabète de type 2, la question du risque de complications induites se pose encore plus fréquemment. Les connaissances actuelles concernant le risque cardiovasculaire (CV) auquel sont exposés les patients chez qui l’on vient de diagnostiquer un diabète de type 2 sont insuffisantes, même si l'on sait qu'il s'agit d'un facteur de risque significatif. C'est pour le quantifier et guider les mesures préventives qui s’imposent qu'une équipe danoise a cherché à exploiter les données de leur système de santé dannational, particulièrement bien documenté. Ils ont tenté de déterminer, le risque CV à 10 ans, en fonction de l’âge et du genre, et par rapport au risque de la population générale, des patients dont le diabète de type 2 venait d’être diagnostiqué.
Une cohorte nationale danoise suivie pendant 10 ans
L’étude a été menée sur une cohorte de 142 587 patients Danois, sans antécédent de maladie CV athéroscléreuse, dont le diabète de type 2 avait été diagnostiqué entre 2006 et 2013. Ils ont été appariés en fonction de leur genre et de leur âge à 388 410 sujets issus de la population générale, non diabétiques, qui étaient, eux aussi, indemnes d’antécédent de maladie CV athéroscléreuse. Les sujets diabétiques présentaient néanmoins davantage de comorbidités.
Le critère de jugement principal était la survenue à 10 ans d’un événement CV majeur : un infarctus du myocarde (IDM), un accident vasculaire cérébral (AVC), un événement CV fatal.
Davantage d’événements, qui comme l'on s'en doutait, surviennent précocement
Au total, 52 471 événements CV sont survenus. Comparé au risque de la population générale, le risque de survenue d‘un événement CV à 10 ans était plus élevé chez les patients diabétiques et ce, quel que soit le sexe et dans toutes les tranches d’âge, mais particulièrement chez les patients les plus jeunes.
A titre d’exemple, ce sont les patients âgés de 40 à 49 ans qui étaient exposés au risque CV à 10 ans le plus élevé : 6,1 % dans le groupe diabète de type 2 vs 3,3 % dans la population générale, soit une différence de risque de 2,8 % (hazard ratio 1,91 ; intervalle de confiance 95 % : 1,76-2,07).
Autre façon d'apprécier le surrisque, pour un risque CV donné, l’âge différait substantiellement entre les 2 groupes. Ainsi, si un homme diabétique de 43 ans présentait un risque de 5 % de maladie CV dans les 10 ans, ce même risque de 5 % ne survenait pour un homme non diabétique de la population générale, qu’à l’âge de 55 ans. Ce même risque de 5 % était atteint à 51 ans chez les femmes diabétiques vs 61 ans chez les femmes non diabétiques.

En conclusion, la découverte d’un diabète de type 2 augmente le risque de survenue à 10 ans d’un premier événement CV dans les 2 sexes et à travers toutes les tranches d’âge mais avec une certaine hétérogénéité, ce risque étant plus particulièrement marqué chez les patients plus jeunes. L’événement CV survient chez les diabétiques, plus tôt (d’environ 12 ans) que dans la population générale et cela est probablement encore pire dans des pays ne bénéficiant pas d'un système sanitaire aussi avancé. Tous les patients atteints de diabète de type 2 nouvellement diagnostiqué devraient être considérés comme présentant un risque CV élevé et bénéficier de mesures de prévention et/ou de dépistage ciblées.

REF : Gyldenkerne C, et al. 10-Year Cardiovascular Risk in Patients With Newly Diagnosed Type 2 Diabetes Mellitus. J Am Coll Cardiol. 2023 Oct 17;82(16):1583-1594. doi: 10.1016/j.jacc.2023.08.015.