En spermiologie, préalablement à la réalisation du spermogramme, il est recommandé d'interroger les patients sur leurs antécédents d'infections uro-génitales dont on sait qu'elles peuvent jouer un rôle délétère sur la spermatogénèse. Mais on pense plutôt dans ce cas à des infections bactériennes comme des prostatites ou virales comme les orchites ourliennes. Le rôle de l'HPV n'a jamais été sérieusement évoqué jusqu'à une publication récente. Il s’agit d’une méta-analyse menée par une équipe italienne en collaboration avec des centres des autres continents qui semble mettre en évidence des conclusions surprenantes.

Les auteurs ont inclus 25 études compilant 6942 patients dont ils ont étudié les caractéristiques spermatiques dont 16 études en Europe, 6 en Asie, 2 en Amérique du sud et 1 au moyen orient. L’âge moyen des patients étudiés était de 35 ans.

Les résultats montrent une morphologie altérée significativement dans le groupe HPV positif et une mobilité également inferieure dans le groupe HPV positif.

Les auteurs signalent par ailleurs dans la littérature de nombreux articles qui n’ont pu être inclus dans le méta-analyse mettant en évidence des troubles de la fertilité et du déroulement des grossesses significativement plus élevés chez les sujets masculins HPV positifs (augmentation des fausses couches ; défaut d’implantation en AMP, échecs de FIV…)

Les auteurs évoquent le possible rôle de l’altération des paramètres spermatiques induits par l’HPV, l’induction d’altérations de l’ADN spermatique ou d’une instabilité génomique mais on a un peu de mal à comprendre comment un virus dont le tropisme est épithélial puisse modifier les caractéristiques de la spermatogenèse sauf si le marqueur de la positivité de l’HPV était celui d’autres cofacteurs confondants comme par exemple le tabagisme ou d’autres antécédents d’infections sexuellement transmissibles (chlamydia…) ou d’une altération immunitaire cause possiblement principale de l’infertilité.

Une affaire à suivre peut-être d’autant que la vaccination des jeunes garçons serait dès lors possiblement utile également à la préservation de la fertilité?

ref : Gyneco on line et Health Sci Rep 2024 Aug 29;7(9):e70048. doi: 10.1002/hsr2.70048. eCollection 2024 Sep.
Papillomavirus infection and male infertility: A systematic review and meta-analysis