La C-réactive protéine [CRP] et la procalcitonine [PCT] sont les marqueurs biologiques les plus dosés dans les suspicions d’infection néonatale. Leurs taux sanguins aident au diagnostic d’infection et à la décision d’antibiothérapie. Quelle est la molécule la plus performante des deux, s'il faut n'en choisir qu'une ? Des études et des méta-analyses concluent que c’est la PCT ; une revue générale récente est moins affirmative.

CRP et PCT sont des protéines de la phase aiguë de l’inflammation produites par le foie en réponse à une infection ou à des lésions tissulaires. Elles peuvent rester faussement basses en cas d’immaturité hépatique ou de défaillance multiviscérale. Leur cinétique présente des différences : la CRP peut être détectée dans le sang 4-6 h après la stimulation, atteint un pic en 36-48 h et a une demi-vie d’environ 19 h ; la PCT est détectée et culmine plus tôt (respectivement, 2 h et 12-24 h après la stimulation) et a une demi-vie un peu plus longue (24 h). La PCT a aussi comme avantage de moins s’élever dans les infections virales et en postopératoire que dans les infections bactériennes, même si c'est moins net en période néonatale.

La revue bibliographique récente a analysé 39 études publiées en anglais jusqu’en 2018, qui comparent la CRP et la PCT dans les sepsis néonataux précoces (n = 12), tardifs (n = 12) ou précoces et tardifs mêlés (n = 15). Seules 4 études concernent des enfants de très petit poids de naissance.

Dans l’ensemble, la PCT a des sensibilités moyennes et médianes supérieures à la CRP (75% vs 65% en moyenne) dans les trois types d’études, ce qui s’explique par sa libération plus précoce dans le sang, alors que la CRP a des spécificités supérieures à la PCT  (90% vs 80% en moyenne).

Au vu de ces résultats, il semble difficile d'exclure un de ces marqueurs et  leur association permet d'optimiser la prise en charge à condition que l'on connaisse leurs caractéristiques respectives pour les interpréter.

La valeur de ces résultats est néanmoins limitée par l’hétérogénéité des études sur le moment du prélèvement, les valeurs-seuils (« cut-off values »), la définition du sepsis (incluant des hémocultures positives ou pas) et l’âge séparant les sepsis précoces des sepsis tardifs (en général J3).

Le cut-off de la CRP est généralement fixé à 10 mg/l. Celui de la PCT est plus difficile à fixer pour les sepsis précoces parce que la PCT présente une ascension physiologique durant les premières 48-72 h de vie, avec un pic vers H24 dont la valeur dépend de l’âge gestationnel (95e percentile de la normale à 20 ng/ml chez les nouveau-nés à terme, 3 fois plus élevé chez les prématurés, selon Chiesa et al).

Un premier dosage de la CRP et  de la PCT environ 12 h après le début des signes cliniques représente un bon compromis entre le diagnostic d’infection et la minimisation de l’exposition aux antibiotiques.

Les dosages séquentiels améliorent la précision des deux biomarqueurs, mais leur nombre est limité par l’incitation actuelle à arrêter l’antibiothérapie quand les hémocultures sont négatives au bout de 36-48 h (2).

Ainsi, ni la CRP ni la PCT ne sont des biomarqueurs idéaux. En ce qui concerne la PCT, on manque de normes pour les sepsis précoces et de données chez les très grands prématurés. Les deux molécules sont utiles pour guider une antibiothérapie (initiation et arrêt) quand leurs dosages sont répétés ou combinés à d’autres données cliniques ou biologiques.

Ref : Mayo Clinic Proceedings 27/08/2019