Les chaînes légères d’Ig sont physiologiquement produites en excès par les plasmocytes ( + 40% par rapport aux chaînes lourdes afin d’assurer la synthèse normale des Ig). Ces chaînes légères en excès se retrouvent dans la circulation (chaînes légères libres ou CLL), sous forme monomérique pour les chaînes Kappa et dimèriques pour les Lambda. Elles sont filtrées puis réabsorbées au niveau rénal ou finalement une très faible quantité (1 à 10 mg) sera éliminé quotidiennement. Cette sécrétion augmente en cas de dysglobulinémie monoclonale, et ce de façon proportionnelle à la taille de la tumeur. Une équipe lyonnaise a donc évalué l’intérêt de ce dosage dans ce contexte. C’est le dosage sérique plutôt urinaire qui a été retenu. En effet lors de l’évolution de la maladie, la concentration urinaire a tendance à diminuer du fait de la destruction néphronique alors que le taux sérique continue à augmenter.
Du fait des concentrations faibles, les techniques classiques d’électrophorèse ou d’immunofixation ne sont pas adaptées. Il est indispensable de recourir à des techniques de turbidimétrie ou néphélémétrie utilisant des Ac spécifiques des CLL. Ces techniques présentent néanmoins des limites, à savoir l’absence de standard reconnu et les problèmes d’excès d’antigène en cas de concentration importante (à confirmer avec des dilutions appropriées). Après mise en application de ce dosage chez 1500 patients ayant consulté pour gammapathie monoclonale suspectée ou confirmée, 3 intérêts se dégagent :
Ø La confirmation de la monoclonalité de la sécrétion qui se traduit par une inversion ou une accentuation du rapport normal des chaînes légères (2/3 de Kappa pour 1/3 de Lambda)
ØLe diagnostic et le suivi des myélomes à chaînes légères : il constitue environ 15% des myélomes et en l’absence d’Ig complète détectable à l’électrophorèse des protéines, le dosage des CLL est le seul recours pour le diagnostic biologique dans le sang circulant. Il constitue également un bon marqueur pronostic corrélé à la masse tumorale.
ØLe suivi des myélomes : le taux sérique des CLL est considéré comme un facteur pronostic péjoratif s’il excède 100 mg/l (au même titre qu’un pic monoclonal > 10 g/l ou qu’une protéinurie > 200 mg/24 h. Il est également utilisé comme marqueur de l’efficacité thérapeutique et de la surveillance des rechutes, la demi-vie des CLL étant beaucoup plus courte que celle des Ig complètes.
L’intérêt indiscutable de ce dosage doit lui accorder une place de choix dans le diagnostic et le suivi des dysglobulinémies. Pour l’heure cet examen n’est pas inscrit à la nomenclature des actes de biologie médicale et donc non remboursé.
Option Bio – Colloque National des Biologistes des Hôpitaux – Sept 2006