Le streptocoque du groupe B est un germe banal, dont le réservoir humain est digestif et qui est également retrouvé fréquemment au niveau vaginal. Le portage est le plus souvent asymptomatique, mais il peut occasionnellement être responsable d’infections génitales de gravité variable (vaginites et bartholinites le plus souvent, endométrites plus rarement). Toutefois c’est en tant qu’agent d’infections néo-natales qu’il est particulièrement redouté. Son émergence remonte au début des années 70, où les pédiatres ont noté une augmentation rapide des infections liées à certaines souches de streptocoques B. Ni la raison de cette émergence, ni la cause du tropisme préférentiel de ces souches pour le nouveau-né (prématuré ou non) ne sont actuellement connues. Quoi qu’il en soit à la fin des années 90 près de 4000 infections néo-natales liées au streptocoque B étaient annuellement recensées en France. La gravité de ces infections est directement liée au portage vaginal du germe, la contamination pouvant se faire avant l’accouchement en cas de chorioamniotite, ou plus fréquemment lors de l’accouchement : par voie ascendante en cas de rupture prématurée des membranes et surtout lors du travail et du passage du nouveau-né dans la filière génitale. Si la maman est porteuse de la bactérie, le risque de contamination de l’enfant est de 50%. Fort heureusement, il s’agit le plus souvent d’une colonisation asymptomatique. Mais dans 1 à 2% des cas, une infection néo-natale survient, de nature et de gravité variable avec de fréquentes formes septicémiques et neurologiques (méningites), plus rarement pulmonaires. Confrontés aux conséquences dramatiques de ces manifestations (importante mortalité néo-natale, séquelles neurologiques graves) les pouvoirs publics ont décidé de généraliser le dépistage du germe chez la femme enceinte. Les recommandations édictées en 2001 reposent sur des constatations évidentes. Tout d’abord, le portage vaginal est fréquent. D’autre part le dépistage bactériologique est aisé. Enfin le coût de ce dépistage est raisonnable au vu des résultats escomptés.

Le dépistage repose sur la recherche de la bactérie à partir d’un écouvillonnage génital. Ses conditions de réalisation sont importantes car il doit concerner l’ensemble de la cavité vaginale en incluant également le balayage de la moitié inférieure du vagin (et non seulement les culs-de-sacs) ainsi que le vestibule et la vulve afin d’être le plus sensible possible. Il doit être réalisé entre la 34ème et la 38ème semaine d’aménorrhée. Le diagnostic bactériologique ne pose généralement pas de problème.

Dans le cas où la femme enceinte est porteuse du germe, il est inutile de lui donner un traitement immédiat dans la mesure où les récidives avant sont possibles. En revanche, il faut impérativement planifier un traitement prophylactique par Pénicilline G IV dès le début du travail (5 M d’unités puis 2,5 M toutes les 4 heures jusqu’à l’expulsion). En cas d’allergie à la pénicilline, le recours à l’antibiogramme est intéressant afin de s’assurer de la sensibilité de la souche aux traitements alternatifs (en particulier les macrolides avec 25% de souches résistantes).

Cette antibioprophylaxie est également indispensable en cas d’antécédents d’infections néo-natales à streptocoque B à l’occasion de grossesses précédentes ou de bactériuries à ce même germe durant la grossesse.

Le respect de ces recommandations d’application relativement aisée devrait faire chuter de façon spectaculaire la prévalence de ces infections (diminution de l’incidence d’un facteur 10 aux USA).

 

Quotidien du médecin N° 8137 – Mars 2007