Le cancer médullaire de la thyroïde (CMT) est un cancer rare représentant 4 à 10% de tous les cancers thyroïdiens. Dans 25% des cas, ils s’intègrent à une histoire familiale favorisant leur dépistage génétique. Cependant la grande majorité est sporadique ce qui rend plus difficile le diagnostic précoce. Celui-ci est pourtant primordial, le pronostic dépendant de l’invasion ganglionnaire ou de la présence de métastases.
La question du dosage de la calcitonine lors de la découverte d’un nodule thyroïdien à l’inspection, la palpation ou à l’échographie est donc posée.
Ce sujet est controversé car différents pathologies thyroïdiennes bénignes s’accompagnent d’une élévation de la calcitonine liée à l’hyperplasie relative des cellules C. Dans ce cas le recours au test à la pentagastrine est indispensable (l’élévation de la calcitonine au-dessus de 100 pg/ml au cours du test est fortement évocatrice de CMT).
Afin de réévaluer ce problème, une étude multicentrique italienne concernant 5800 patients a été initiée. Après dosage de la calcitonine de base, un test à la pentagastrine était réalisé pour les patients ayant des valeurs comprises entre 20 et 100 pg/ml. Ceux pour lesquels le taux basal était supérieur à 100 étaient opérés en première intention (comme en cas de cytoponction positive).
Sur les 5800 patients, 15 cas de CMT et 7 cas d’hyperplasie bénigne des cellules C ont été retrouvés. Tous les patients ayant un taux supérieur à 100 avaient effectivement un CMT ce qui confirme la très bonne valeur prédictive de ce seuil de décision thérapeutique. Chez les 4 patients présentant des taux compris entre 50 et 100, 2 étaient atteints de CMT (hyperplasie bénigne chez les 2 autres). Chez les 8 patients ayant des taux entre 20n et 50, 4 souffraient de CMT, 4 présentaient une hyperplasie bénigne et 2 étaient indemnes de toute anomalie.
Ces données permettent de souligner l’intérêt du dosage de calcitonine dans une cohorte de patients présentant des anomalies morphologiques de la glande thyroïde. Les valeurs prédictives obtenus aux différents seuils envisagées montrent une relation entre le taux et le risque de CMT. De plus la pertinence de la conduite à tenir, avec test de pentagastrine de confirmation pour des valeurs intermédiaires a été démontrée. Le débat quant à l’intérêt de ce dépistage systématique doit être complété par un complément concernant ses conséquences économiques.
J Clin Endocrinol Metab 2007 ; 92 : 450-455