La gamma-glutamyl transférase (?GT) est essentiellement produite par le foie et contribue au catabolisme extracellulaire du glutathion. Dans le sérum, cette enzyme est transportée avec les lipoprotéines et l’albumine et son taux est déterminé par plusieurs facteurs : la prise d’alcool, la masse graisseuse de l’organisme, le rapport lipides plasmatiques / lipoprotéines, la glycémie et certains médicaments.

Des taux élevés de ? GT ont été rapportés dans des populations avec un fort risque de maladies cardiovasculaires (MCV) liées à une athérosclérose (Lee et coll., dans une population de 3 451 personnes participant à l’étude de Framingham, ont montré qu’un taux élevé de ? GT était prédictif de la survenue d’un syndrome métabolique, d’une MCV et d’une augmentation de la mortalité).

Une première hypothèse expliquant la relation entre ?GT et MCV est que la ?GT est elle-même athérogène, intervenant au niveau de la plaque d’athérome, produisant des anions super oxydes et induisant l’athérosclérose par une oxydation des LDL. Cette hypothèse n’est pas encore prouvée.

Une autre hypothèse est que la ?GT est un marqueur du syndrome métabolique. Des auteurs ont en effet rapporté qu’une ? GT élevée pouvait être associée à une stéatose hépatique, une résistance à l’insuline, un diabète de type 2, une obésité et autres facteurs de risque métaboliques. Il y a de plus en plus d’arguments pour dire  que le foie, première source de ? GT circulante est un organe cible essentiel pour le développement du syndrome métabolique.

Le mécanisme par lequel un taux élevé de ?GT est relié à la stéatose hépatique n’est pas encore élucidé mais des hypothèses ont été soulevées. Par exemple trop de lipides dans le foie pourraient causer des dommages hépato-cellulaires qui pourraient stimuler la synthèse des ? GT. Ou bien ces lipides en excès pourraient augmenter le stress oxydatif, conduisant à une sur- consommation de glutathion réduit et à une augmentation de la synthèse des ? GT. Au total, une production accrue de ? GT pourrait être secondaire à une réaction inflammatoire hépatique à bas bruit induite par la stéatose hépatique. Cela est confirmé par l’élévation des transaminases dans la stéatose hépatique, elles-mêmes associées au syndrome métabolique et à un risque plus élevé de MCV.
D’après plusieurs études, les principaux composants du syndrome métabolique sont liés à une élévation des ? GT : la résistance à l’insuline, le risque de développement du diabète de type 2, l’obésité (et plus particulièrement l’obésité abdominale) ainsi que l’HTA. 
 Le syndrome métabolique regroupe des facteurs athérogènes comme l’élévation des LDL, de la glycémie,  de la tension artérielle, des cytokines circulantes pro-inflammatoires, des facteurs pro-thrombotiques, et une baisse des HDL. De plus, un grand nombre de marqueurs est  associé au syndrome métabolique comme les paramètres de l’obésité, le niveau d’insuline plasmatique, les enzymes hépatiques, la protéine C réactive, les lipoprotéines, les marqueurs de l’inflammation cellulaire comme les interleukines 6, 10, 18, le TNF ?, etc.  Actuellement, il n’est pas certain que ces marqueurs soient en cause dans le développement du syndrome métabolique ou dans l’athérogénèse.

 En ce qui concerne l’élévation de la ? GT, la question est de savoir si son rôle dans le syndrome métabolique est directement athérogène ou un simple reflet de la stéatose hépatique : cela reste à déterminer.
Elucider la fonction réelle de tous ces marqueurs dans le déterminisme et les complications du syndrome métabolique ouvre un vaste champ de recherche pour le
futur.

Grundy S : “Gamma Glutamyl Transférase : Another Biomarker for Metabolic Syndrome and Cardiovascukar Risk.” Arteriosclerosis, Thrombosis and Vascular Biology, 2007 ; 27 : 127