Les associations entre apolipoprotéines et maladies neurodégénératives sont loin d’être bien connues. Avec le vieillissement de la population et, en corollaire, l’augmentation inexorable de l’incidence des démences, il importe de préciser leur pathogénie et les hypothèses biologiques ne manquent d’ailleurs pas. Le rôle des lipides n’est pas clair et, si certaines études ont pu suggérer que les dyslipidémies de l’âge moyen favorisaient les démences, d’autres ont abouti à des résultats discordants.
La Honolulu-Asia Aging Study est une étude de cohorte prospective dans laquelle ont été inclus 929 sujets de sexe masculin. Les paramètres lipidiques ont été évalués en 1980-1982. Le diagnostic de démence a été évoqué par la suite, respectivement dans les périodes 1991-1992, 1994-1996 et 1997-1999, selon les critères figurant dans les recommandations internationales. Au total, 107 cas de démence ont été identifiés au terme de ce suivi.
La relation entre les taux plasmatiques d’apolipoprotéine A-I (apo A-1) et le risque de démence a été étudiée à l’aide d’un modèle des risques proportionnels de Cox, après ajustement en fonction de l’âge, de l’éducation et des facteurs de risque cardiovasculaire.
La comparaison interquartile au sein de la distribution des valeurs de l’apo A-1 montre que le risque relatif (RR) de démence est nettement diminué dans le quartile supérieur, avec en l’occurrence un RR de 0,25 (versus quartile inférieur). L’association d’un taux élevé d’apo A-I et l’absence d’apo-E amène le RR de démence à 0,21. Cette association inverse, déjà mise en évidence pour la maladie cardiovasculaire, n’est en rien un lien de causalité. Elle n’en souligne pas moins l’implication potentielle des diverses lipoprotéines dans la survenue des démences, selon des mécanismes qui restent à déterminer.

 

D'après   Saczynski JS et coll. : “The relation between apolipoprotein A-I and dementia.” The Honolulu-Asia Aging Study. Am J Epidemiol 2007; 165: 985-992.