L’EPO (erythropoiétine) est l’hormone glycoprotéique permettant le maintien d’une concentration de globules rouges suffisante dans le sang. Depuis 1988, on dispose d’une EPO recombinante (r-HuEPO), structurellement et fonctionnellement très proche de l’EPO naturelle. Son utilisation à des fins thérapeutiques dans le cadre des anémies des insuffisants rénaux ou de sujets cachectiques s’est malheureusement accompagné par une utilisation à des fins dopantes dans de nombreux sports d’endurance. L’augmentation du taux d’hématocrite découlant de l’administration de r-HuEPO permettait une augmentation de la performance aérobie. Elle s’explique bien sûr avant tout par l’augmentation de la VO2max directement liée à la fonction de transporteur d’oxygène du globule rouge. Cependant des travaux récents semblent suggérer d’autres rôles de la r-HuEPO. Elle pourrait agir sur le métabolisme énergétique. On a en effet constaté une moindre lactacidémie et une moindre déplétion glycogénique chez les sujets sous EPO. Elles pourraient être liées à une modification de l’utilisation de certains substrats au repos et surtout en période d’activité physique intense (utilisation de triacylglycérols au repos, d’acides gras libres durant l’effort). L’adaptation optimale du métabolisme oxydatif contribuerait à l’augmentation de la performance aérobie indépendamment de l’élévation de l’Ht.
Par ailleurs, l’un des dangers liés à la prise d’EPO est l’hyperviscosité induite par la polyglobulie, et le risque de thromboses profondes en découlant. Des travaux récents montrent que la prise régulière de r-HuEPO tend à modifier la structure membranaire de l’hématie (bande 3). Ce changement de structure permettrait une plus grande déformabilité du globule rouge, diminuant peut-être le risque de thromboses (ce qui pourrait expliquer le nombre relativement faible d’accidents observés même en cas de conduites dopantes extrêmes). En revanche, elle pourrait s’accompagner de modifications morphologiques observables sur frottis sanguin au microscope (stomatocytes). Ce critère pourrait constituer un paramètre intéressant de suivi des athlètes dans le cadre d’un dépistage indirect de prise de r-HuEPO.


RFL – 02/02003