Plusieurs travaux ont attiré l’attention sur la responsabilité de la pollution de l’air intérieur dans les pathologies respiratoires. Plus d’un tiers des maladies respiratoires, parmi lesquelles les rhinites et l’asthme, mais aussi les infections respiratoires, seraient en lien avec une mauvaise qualité de l’air dans les habitations. L’exposition aux moisissures ou à l’humidité intérieure notamment serait responsable d’une part non négligeable des exacerbations de ces pathologies, allant, selon certaines enquêtes, jusqu’à pouvoir être incriminée dans 1 exacerbation sur 2 chez les patients de 20 à 34 ans.

C’est justement dans cette tranche de population qu’a été réalisée une enquête, sous la forme d’un questionnaire proposé par internet à des étudiants du campus universitaire de Sherbrooke au Québec. L’objectif était d’évaluer les pathologies respiratoires de ces jeunes gens, exposés à l’humidité et aux moisissures dans leur chambre d’étudiant.

Plus de 2000 réponses ont été reçues et l’enquête montre en effet un taux élevé de pathologies respiratoires chez les répondeurs. Près de 1 sur 3 considère qu’il présente des symptômes de rhinite allergique (32,6 %), d’asthme (24 %) et a présenté une infection respiratoire (19,4 %). Après ajustement, l’exposition aux moisissures et à l’humidité est bien associée à des rhinites allergiques (Odds ratio [OR] 1,25 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,01 à 1,55), à de l’asthme (OR 1,70 ; IC 1,37 à 2,11), mais pas aux infections respiratoires (OR 1,07 ; IC 0,85 à 1,36).

Ces résultats sont toutefois à nuancer. L’enquête a été proposée à plus de 26 mille étudiants du campus, et les 2000 réponses reçues ne représentent qu’un peu plus de 8 % d’entre eux. Il n’est pas impossible que les personnes atteintes se soient senties plus concernées et aient répondu en plus grand nombre que les autres, conduisant à une surévaluation du problème. Un autre biais, et non des moindres, est que les réponses portent sur des critères subjectifs, et que la prise en compte de critères plus objectifs, comme le diagnostic porté par un médecin ou la positivité des tests cutanés, réduit la proportion d’allergiques à 29 % et celle des asthmatiques à 19,6 %.

Plusieurs travaux ont démontré que les manifestations respiratoires allergiques étaient plus fréquentes chez les jeunes adultes que chez les enfants ou les personnes âgées. Malgré ses limitations, cette étude soulève la question de la lutte contre l’humidité des espaces intérieurs et de l’attention qu’il est nécessaire de porter à la salubrité des logements, particulièrement pour les étudiants, qui constituent une population « à risque ».

 

Ref : Lanthier-Veilleux Met coll. : Respiratory Diseases in University Students Associated with Exposure to Residential Dampness or Mold. Int J Environ Res Public Health., 2016 ; 13. pii: E1154.