La biopsie liquide est une technique de biologie moléculaire novatrice en onco-hématologie reposant sur une prélèvement non invasif (une simple prise de sang) et qui permet de caractériser rapidement la réponse au traitement en analysant l’ADN tumoral circulant.
Jusqu'à cet été, le profilage génomique par biopsie liquide était délocalisé en Allemagne, l’une des rares plateformes certifiées en Europe. Depuis le mois de Juillet, l’institut Gustave Roussy a implanté la technique en France dans un partenariat avec l'un des acteurs majeurs du diagnostic génomique.
Le laboratoire de biopsie liquide baptisé Fresh a une capacité d’analyse de 4 000 à 8 000 tests par an. Plusieurs centaines d’échantillons ont été analysées depuis cet été, issues des centres d’Unicancer et des CHU qui ont rejoint le programme.
La création d’un centre français contribue à la souveraineté sanitaire du pays et offre un gain de temps significatif pour l’obtention des résultats. Le directeur général de Gustave-Roussy explique que l'ouverture du laboratoire permettra de rendre la médecine de précision accessible au plus grand nombre.
À partir d’une prise de sang pouvant être effectuée à n'importe quel endroit du territoire, cette biopsie non invasive effectuera le profil génétique d’une tumeur en analysant l’ADN tumoral circulant, grâce au Next Generation Sequencing. Les avantages sont multiples avec 3 aspects principaux : la technique offre une vision globale des sites tumoraux et de leur hétérogénéité; son taux d’échec technique est de 3,9 % contre 15 % pour une biopsie solide; l’analyse est obtenue en 12 jours contre 46. L’examen bénéficie donc considérablement aux patients métastatiques, mais aussi aux personnes avec des contre-indications à la biopsie solide ou avec une tumeur inaccessible.
L’accès collaboratif à Fresh facilitera l’ouverture d’études cliniques précoces dans de petits centres et l’orientation d’un patient vers l’essai le plus adapté à son profil génomique. De plus, à mesure que la base de données s’enrichira, les algorithmes d’intelligence artificielle auront de quoi s’entraîner pour découvrir des moyens d’action thérapeutique ou d’aide au diagnostic et au pronostic. L’enjeu est de générer une quantité de données extrêmement importante afin de compenser la faible quantité de matériel exploitable dans le prélèvement.
Dans son usage autorisé à date, le profilage génétique tumoral par biopsie liquide se limite au choix de la stratégie thérapeutique mais ses indications ont vocation à s’étendre. Le diagnostic précoce et le monitoring sont les prochaines étapes envisagées. Dans la surveillance de la maladie résiduelle, la biopsie liquide permettrait une désescalade thérapeutique en identifiant les patients vraisemblablement guéris.
À plus long terme, une biopsie liquide « de routine » lors d’un bilan sanguin annuel pourrait être proposée. « La société demande à pouvoir identifier un risque de cancer et le modifier pour ne jamais être malade. C’est le domaine de l’interception. », explique le directeur de l'IGR. Son ambition pour l’institut ? « Être les découvreurs de l’équivalent du cholestérol pour dépister le cancer », que cela vienne de la biopsie liquide ou d’une autre technologie.
Ref : Quotidien du médecin 25/10/2024