L’association entre hyperuricémie et hypertension est connue de longue date.Par contre, le rôle de l’acide urique dans la pathogénie de cette maladie fréquente est plutôt mal connu, même si l'on sait que l’hyperuricémie expérimentale induit une élévation des chiffres tensionnels chez l’animal.

Une étude de cohorte longitudinale, la NAS (Normative Aging Study) a permis de rechercher un lien de causalité entre cette anomalie métabolique commune et le risque d’HTA.

La population étudiée s’est composée de 2 062  sujets de sexe masculin. Le modèle des risques proportionnels de Cox a été utilisé pour rechercher une association entre l’uricémie basale et le développement d’une hypertension, cela après ajustement en fonction de plusieurs critères dont l’âge,  l’index de masse corporelle (IMC), la circonférence abdominale, le tabagisme, la consommation d’alcool, les taux plasmatiques de cholestérol ou de triglycérides,et enfin la glycémie.

Au total, une HTA est survenue chez 892 (soit 43.26%) participants au terme d’un suivi qui a atteint 21,5 années.

L’uricémie est apparue comme une variable indépendante prédictive du risque d’hypertension, avec un risque relatif (RR) faible quoique significatif, en l’occurrence 1,10, en analyse univariée (p<0,001), versus 1,05 en analyse multivariée (p=0,02).

Sur les 1 277 (soit 61.9%) sujets à risque d’HTA lors de leur premier dosage de la créatinine sanguine, seuls 508 (soit 39,8 %) ont développé ce syndrome au terme d’un suivi moyen de 10,3+/-5,5 ans. Après ajustement en fonction du débit de filtration glomérulaire au sein de ce sous-groupe, l’uricémie est restée associée à l’HTA avec un RR de 1,06 (p=0,03). L’uricémie basale semble donc bien être un marqueur durable du risque d’hypertension, ce qui n’en fait pas un facteur causal, loin s’en faut. L’association est indépendante des éléments du syndrome métabolique, de la consommation d’alcool ou encore de la fonction rénale.

D'Après Perlstein TS et coll. : “Uric acid and the development of hypertension. The Normative Aging Study. “ Hypertension 2006 ; 48 : 1031-1036.