L’infection urinaire reste la cause d’infection la plus fréquente au cours de la grossesse puisqu’elle concerne de 3 à 8% des femmes à partir du 2ème trimestre. Cette augmentation d’ incidence (qui triple par rapport aux femmes non enceintes) est liée à 3 causes principales : la dilatation urétérale physiologique, la diminution du tonus vésico-urétéral (ces 2 facteurs favorisant de plus les infections hautes) et enfin les modifications hormonales agissant sur la muqueuse des voies urinaires et favorisant l’adhésivité bactérienne et le développement des infections. Si la symptomatologie peut être bruyante comme dans les cystites classiques, la proportion des bactériuries pauci- ou totalement asymptomatiques est beaucoup plus importante (au moins 10% des cas). Il s’agit donc d’un problème critique compte tenu de la fréquence des infections hautes expliquée par les raisons sus-citées et des conséquences morbides pour la mère et l’enfant : elles peuvent être dramatiques en cas de septicémie ou de choc septique mais même une bactériurie asymptomatique non compliquée peut avoir des répercussions sur le devenir obstétrical (hypotrophie, menace d’accouchement prématuré), ce risque doit impérativement être dépisté. L’ECBU est donc systématique dès le début de grossesse et à chaque consultation. Les germes retrouvés sont les mêmes qu’en dehors de la grossesse avec une majorité d’infections à Escherichia coli (80%). L’antibiothérapie doit être à la fois adaptée au germe mis en évidence et aux effets secondaires du traitement dans ce contexte particulier. Son efficacité bactériologique et clinique doit être vérifiée précocement (48 h après le début) et secondairement (7 jours après l’arrêt des antibiotiques). De même, l’absence de récidive sera contrôlée par un ECBU mensuel jusqu’au terme de la grossesse.

 

Quotidien du Médecin – Décembre 2006